Le projet de privatisation ne passe décidément ni à l’Assemblée, ni au Sénat. Face à ses opposants, le gouvernement tente d’argumenter, mais de manière caricaturale :
– Puisque l’État conserve 20 % du capital d’ADP, il ne s’agit donc, pour lui, non pas d’une vente mais d’une concession. À la fin de cette concession, l’administration pourra éventuellement racheter les actifs de la société.
Cependant, on ne voit pas comment l’État pourrait racheter des actions, avec toutes les dépenses auxquelles il doit répondre.
– Une vente des Aéroports à 10 milliards d’euros, qui devrait lui rapporter par la suite 250 millions d’euros pour financer partiellement son « fond pour l’innovation de rupture ».
Or compte-tenu de la croissance du trafic aérien, l’entreprise ADP a elle seule pourrait, d’ici 3 ans, apporter les 10 milliards d’euros nécessaires et beaucoup plus dans les années suivantes.
– Le Gouvernement estime qu’ADP n’est pas une entreprise stratégique et que son activité se résume à du commerce.
Or il oublie que 60 % du chiffre d’affaires d’ADP est réalisé sur les activités aéronautiques stratégiques : construire, aménager, développer et exploiter les aéroports d’Ile de France.
– Les macronistes s’insurgent contre l’idée que la concession d’ADP pourrait attirer des intéressés mal intentionnés, et avance la volonté de ne pas céder ses biens à d’autres compagnies étrangères sous contrôle étatique.
Mais il existe cependant de véritables risques : la perte de la souveraineté, le détournement de l’impôt que beaucoup d’entreprises pratiquent, l’arrivée de la corruption, la perte du contrôle sur le trafic aérien lequel compte pour au moins 2 % des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la vente pourrait s’avérer fatale si l’État souhaite imposer des mesures écologiques (taxe carbone, limitation du trafic aérien…)